La plupart des grands projets d’aujourd’hui semblent imiter les phénomènes naturels. Philharmonie de Paris, Musée des Confluences, Fondation Vuitton se donnent des montagnes, des nuages ou des canopées, ce qui leur permet d’introduire un nouveau rapport de l’architecture au territoire… Il est difficile de les juger avec les critères utilisés par la critique qui les range volontiers dans la catégorie du monstrueux.
Pourtant, ils sont la face visible de toute une production qui échappe aussi à ces principes.
Nous allons les analyser en utilisant un concept forgé par le philosophe Jean-Luc Nancy qui apparaît notamment au fil des pages de l’ouvrage « Dans quels mondes vivons-nous » co-écrit avec le physicien Aurélien Barrau. Ils y développent une nouvelle théorie de la connaissance qui admet la coexistence de théories contradictoires : pour mieux opposer la logique inclusive du « et » à celle exclusive du « ou »…
Nous verrons comment cette rupture épistémologique définit une aussi nouvelle esthétique, à laquelle correspondent justement ces grands projets.
Une esthétique non plus fondée sur la construction, ni sur la destruction, ni la déconstruction mais sur ce nouveau concept qui les rassemble et les dénoue : la « struction ».
Biographie
Richard Scoffier est Architecte – il a fondé son agence à Paris en 1991 après avoir été lauréat des Albums de la Jeune Architecture – et aussi professeur à l’ENSA de Versailles. Il anime depuis 2011 l’Université Populaire du Pavillon de l’Arsenal. Ses cours sont retransmis sur le Web Campus de France Culture.
Il exerce parallèlement une activité commissaire d’exposition et de critique d’architecture. Richard Scoffier collabore régulièrement à la revue d’A et a notamment publié : Les villes de la puissance, aux éditions Jean-Michel Place en 2000 et Les quatre concepts fondamentaux de l’architecture contemporaine, aux éditions Norma en 2011. Des travaux qui lui ont permis d’obtenir en 2013 la médaille de l’analyse architecturale décerné par Académie d’Architecture.